A l’entrée de notre commune de Benon, en provenance de Courçon , nous voyons une tour en décalage avec le reste des autres bâtiments. Cette tour a une histoire que notre commune doit assumer. Elle remonte à près de deux siècles, à l’époque de la Comtesse Zoe de Cayla. Cette tour a été contestée lors de son implantation mais maintenant elle fait partie de notre patrimoine, avec comme particularité une horloge ainsi qu’un blason au dessus de la porte.
Son histoire commence en 1828, lorsque des plaintes sont déposés en mairie de Benon par des habitants de la commune car certains chemins (le chemin qui conduit du village de la Grenouillère à celui de de La Roulière, le chemin qui conduit de Benon à la commune de St Martin de Villeneuve vulgairement appelé le chemin des Besgues et le chemin appelé l’ancien chemin Rochelais aussi appelé le chemin des Combes) sont interdits par le régisseur de la Comtesse de Zoe de Cayla, propriétaire d’une grande partie de la forêt de Benon . Ce personnage, de par sa conduite méprisante envers les villageois, renie les droits d’usage acquis depuis des siècles par les habitants de la commune. Cette situation ne fait qu’envenimer les relations déjà tendues entre les villageois et la Comtesse.
En date du 15 mai 1828, lors de la réunion du conseil municipal, les conseillers prennent acte de ces doléances et autorisent monsieur le Maire à prendre toutes dispositions auprès de madame la Comtesse pour régler ce désaccord à l’amiable et s’ il le faut de faire un dépôt de plainte en justice.
Toutes les négociations échouent et la commune se voit contrainte de déposer plainte auprès du tribunal de La Rochelle. La commune est représentée par maître Deforges, avocat.
Ce dossier épineux montre la volonté des habitants de Benon pour le respect des droits acquis et ils s’organisent pour les défendre. Ce conflit judiciaire dure près d’ un demi siècle. Malheureusement la Comtesse Zoé de Cayla ne connaîtra pas la fin de cette histoire car elle décède en 1852. Pour autant, ce débat juridique ne s’arrête pas là. Il est poursuivi par la fille de la Comtesse, madame Valentine de BEAUVEAU – CRAON qui persiste dans cette voie et va même jusqu’à injurier maître Desforges qui dépose plainte.
Après plusieurs années de procès la cour d’appel de Poitiers condamne madame Valentine de BEAUVEAU – CRAON à verser des dommages et intérêts à maître Desforges. Ce dernier propose à la mairie d’employer cette somme à différents usages : soit la construction d’une fontaine publique soit d’établir une horloge. Le conseil municipal opta pour sur le choix de l’horloge. Le maire entreprit des démarches auprès du curé, qui, recevant un don de la Princesse pour sa paroisse pour venir au secours des habitants de Benon et soutenu par l’évêché, refuse de placer l’horloge sur le fronton de l’église.
Le conseil municipal décide la construction d’une tour à une faible majorité soit seulement six voix. Cette décision est entérinée malgré une pétition signée par les habitants de la commune. La tour fut érigée en 1877 par un architecte rochelais qui impose sa hauteur soit 18 mètres. L’horloge est installée de telle façon qu’elle ne soit vue ni de l’église ni de la Comtesse. La construction de cette tour entraîne d’énormes frais (environ 5 000 francs) pour la commune qui ne dispose pas de cette somme pour les travaux, alors que l’horloge ne coûte que 1200 francs .
Depuis cette date, la tour au centre du village de Benon, est connue sous le nom de la tour des six sots, du nombre d’élus qui ont voté pour sa construction.
Cette tour en pierre, imaginée par l’architecte, détient une particularité. Pour montrer qu’elle est le fruit d’une décision judiciaire, elle porte sur son fronton une balance, symbole de la justice. Madame Valentine de BEAUVEAU – CRAON offre cependant aux habitants de la commune une somme importante pour aider les indigents fort nombreux sur notre commune.